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Des spécialistes des primates soutiennent un processus inclusif afin de décider de l'avenir de la forêt biologiquement riche d'Ébo, au Cameroun

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La forêt abrite la seule population de chimpanzés au monde qui pêchent les termites et cassent les noix

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30 avril 2020

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Lire la lettre du Premier ministre Joseph Ngute [English | French]

Dans une  lettre adressée au gouvernement camerounais, plus de 60 professionnels de la conservation et chercheurs ont demandé au gouvernement de suspendre les plans de création de deux concessions d'exploitation forestière à long terme dans la forêt d'Ébo - l'une des dernières forêts intactes de la région - et d'associer toutes les parties prenantes, notamment les communautés locales vivant autour de la forêt, afin d'élaborer un plan inclusif d'utilisation des terres.

La lettre a été soumise dans les services du Premier ministre Joseph Ngute le 28 avril. Les scientifiques, y compris les membres du Groupe de spécialistes des primates de la Commission de survie des espèces de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ont souligné qu'il pourrait y avoir des options de développement durable pouvant bénéficier aux communautés, à la forêt et générer des revenus pour le pays.

La forêt de 1.500 kilomètres carrés de la Région du Littoral du Cameroun constitue la zone la plus diversifiée sur le plan biologique dans le Golfe de Guinée. La forêt d'Ébo représente la moitié d'une zone clé pour la biodiversité, ce qui en fait un site d'importance mondiale pour la santé globale de la planète et la survie de la biodiversité. Elle contient environ 35 millions de tonnes de carbone et abrite de nombreuses espèces, rares et menacées, notamment les éléphants de forêt et les perroquets gris.

La forêt d'Ébo est également le foyer ancestral de plus de 40 communautés vivant autour d'elle, qui seraient toutes fortement affectées par tout développement dans la forêt.

« Les populations qui vivent dans les communautés ici vivent avec la forêt et près de la forêt », a déclaré Bethan Morgan, chef du Programme Afrique centrale à San Diego Zoo Global et chercheur de longue date dans la forêt d'Ébo. « Tout ce qui concerne la santé de la forêt se reflète sur la santé des communautés. Il est donc particulièrement important de les inclure dans toutes les discussions en matière de gestion de la forêt ».

La forêt d'Ébo a été un haut lieu de la recherche en matière de conservation et de découverte au cours des 20 dernières années. En 2005, les chercheurs ont découvert que les chimpanzés du Nigéria-Cameroun manieurs d'outils à Ébo sont culturellement différents des autres chimpanzés en Afrique. Ce sont les seuls chimpanzés au monde qui cassent les noix et pêchent les termites.  Et au nombre de 700, cette population constitue l'une des plus grandes populations de chimpanzés du Nigeria-Cameroun en voie de disparition.

En outre, il y a une petite population de gorilles dans la forêt d'Ébo, et cette dernière pourrait en fait être une nouvelle sous-espèce. Ces gorilles vivent à environ 200 kilomètres de tout autre groupe de gorilles des plaines occidentales ou du Cross River. Ébo abrite également l'une des deux seules populations restantes de colobe bai de Preuss, un singe en danger critique d'extinction, ainsi que l'une des plus grandes populations restantes de drills menacés.

Les plantes d'Ébo sont aussi uniques que sa mégafaune charismatique. Au moins 12 espèces de plantes découvertes en son sein ne peuvent être trouvées nulle part ailleurs sur la planète.

« En raison de sa richesse biologique, Ebo est un endroit incroyablement spécial pour les chercheurs », a déclaré Barthélemy Tchiengue, un botaniste camerounais de l'herbier national du Cameroun. « Et ce grand réservoir de biodiversité n'a pas encore révélé tout son trésor ».

La forêt d'Ébo est profondément significative en matière de culture pour les communautés qui l'entourent. Ils en dépendent pour leur nourriture et leurs médicaments traditionnels, et ils considèrent la forêt d'Ébo comme leur terre coutumière. Avant l’indépendance du Cameroun en 1960, de nombreuses communautés vivaient dans la forêt et leurs patriarches et matriarches y ont enterré des proches parents. Les chefs traditionnels des communautés sont légalement reconnus par le gouvernement camerounais et ils ont travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement pour protéger la forêt d'Ébo dans le passé.

Le ministre camerounais des Forêts a signé le 4 février deux décrets proposant la classification de deux unités de gestion forestière pour l'extraction du bois. Les unités combinées totalisent 1.296 kilomètres carrés, presque la totalité de la forêt d'Ébo. Ces exploitations détruiraient tout l’habitat des gorilles, nivelleraient la partie ouest de la forêt où les chimpanzés cassent les noix et pourraient détruire les sources de nourriture pour les animaux ayant un régime alimentaire spécifique, comme le colobe bai de Preuss.

Les arrêtés ont été publiées le 9 mars et elles indiquent un changement dans les intentions du  gouvernement pour Ébo. De mesures avaient initialement été prises pour faire de la forêt un parc national en 2006, mais le processus s'est arrêté en 2011.

« La forêt d'Ébo est un endroit phénoménal », a déclaré Dirck Byler, Directeur de la conservation des grands singes à Global Wildlife Conservation et Vice-Président de la Section des grands singes du Groupe de spécialistes des primates de l'UICN SSC. « Nous espérions que ce serait un parc national aujourd'hui, mais il existe d'autres moyens de protéger les primates qui y vivent tout en aidant simultanément les communautés qui l'entourent ».

Dans leur lettre au Premier ministre, les scientifiques et les chercheurs ont exhorté le gouvernement à envisager des alternatives durables plutôt que l'exploitation forestière. Ils proposent d’utiliser la méthodologie actuellement développée par le Ministère camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) pour guider un processus inclusif et transparent de planification et de l’utilisation des terres avec les communautés locales et d’autres parties prenantes. Ils ont souligné que le processus pourrait inclure un soutien financier et technique du gouvernement et des partenaires multinationaux pour parvenir à un consensus sur les options d'utilisation durable.

Les scientifiques suggèrent spécifiquement dans leur lettre qu’aller de l’avant avec des activités d’utilisation durable des terres pourrait générer des revenus pour le pays et soutenir les moyens de subsistance socioéconomiques des communautés voisines d’Ebo. Ce choix  signifierait également aux partenaires internationaux du Cameroun au cours de cette année critique pour la biodiversité que le gouvernement entend honorer ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement pourra également être en mesure de vendre des crédits de carbone certifiables sur le marché du carbone.

« Le gouvernement Camerounais dispose maintenant d'une excellente occasion de soutenir ses primates humains et non humains en protégeant la forêt d'une manière qui s'aligne sur les communautés locales, la faune qui y vit et les accords internationaux du Cameroun », a déclaré Russ Mittermeier, Directeur de la conservation des grands singes à Global Wildlife Conservation et Président du Groupe de spécialistes des primates de la Commission de la sauvegarde des espèces de l'UICN. « Nous sommes impatients de continuer à en apprendre sur le patrimoine naturel et culturel de la forêt d'Ébo avec le Gouvernement camerounais aux avant postes ».

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Photo: Une photo de piège photographique d'un gorille dans la forêt d'Ébo. La petite population de gorilles dans la forêt d'Ébo peut être une nouvelle sous-espèce. (Crédit photo : San Diego Zoo Global)

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Global Wildlife Conservation

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Contact

Lindsay Renick Mayer

Global Wildlife Conservation

lrenickmayer@globalwildlife.org

512-686-6225

Devin Murphy

Global Wildlife Conservation

dmurphy@globalwildlife.org

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